16.

Le Viking barbu écrase machinalement un moustique, ressort un de ses cigares de sa cartouchière et l’allume. Il s’approche du feu, y verse un peu d’essence, et son visage s’illumine à la clarté des flammes renaissantes. Puis il indique à la jeune fille un grand fauteuil crevé d’où pointent des ressorts et l’invite à s’asseoir. Le fauteuil gorgé d’eau de pluie lui trempe aussitôt le dos.

— OK, pitchounette, tu veux savoir, eh bien tu vas savoir. En fait, nous sommes dans un coin qui n’est signalé sur aucune carte, ni aucun guide. Ni nulle part.

— Même sur Google Earth, vu du ciel, c’est juste un terrain vague, complète le jeune Asiatique.

— C’est un coin censé ne pas exister et que tout le monde veut ignorer. Cet endroit porte officiellement le nom de « DOM » ce qui signifie « Dépôt d’Ordures Municipal ».

Des mouches, profitant de l’accalmie du ciel, commencent à tournoyer en huit, se défiant mutuellement dans leurs acrobaties aériennes.

— Il y a sept ans, quand la capitale a connu une nouvelle vague d’expansion démographique, les gens de la Mairie de Paris se sont aperçus que la grande déchetterie municipale, qui datait de plus de quarante ans, n’arrivait plus à gérer la masse croissante d’ordures quotidiennes produites par les cinq millions d’habitants de la capitale intramuros. Ils ont donc décidé de créer un endroit spécialement conçu pour ça, à quelques dizaines de kilomètres au nord de Paris.

— Au sud, ils ont créé la bouche, avec une ville entière vouée à recevoir la nourriture : Rungis. Au nord ils ont créé le trou du cul avec une zone destinée à évacuer les déchets, le « DOM », précise le jeune Asiatique.

— Beaucoup de grandes cités fonctionnent comme cela, rappelle le Viking. Au sud l’approvisionnement. Au nord les déchets.

Le vieil Africain hausse les épaules :

— Et l’on pourrait ajouter : à l’ouest les riches, à l’est les pauvres. Le matin les ouvriers de l’est vont travailler dans les quartiers riches de l’ouest.

— Tous les soirs, les déchets arrivés au sud sont digérés au centre, et terminent leur vie au nord, reprend le Viking en lâchant une bouffée de cigare à l’odeur de foin brûlé. Donc les autorités ont créé « Ordures-land », une déchetterie de luxe, ultra-moderne, qui a coûté très cher, avec un incinérateur capable de brûler très vite les tonnes d’ordures qu’on lui amenait quotidiennement.

— Ils ont même surnommé cet incinérateur de dernière génération : Moloch. Comme le dieu carthaginois géant qui brûlait ses enfants dans son ventre rempli de feu, souligne le jeune Asiatique.

Le vieil Africain hoche doucement la tête :

— Les gens n’aiment pas savoir ce qui arrive à leurs déchets. Comme quand ils tirent la chasse des WC, ils se désintéressent de savoir où ça part.

— Moloch… Imagine, pitchoune, une sorte de grande usine bien propre pour gérer tout ce que la ville produit de bien sale. À l’intérieur, partout de l’électronique, de l’inox, des écrans vidéo, des ingénieurs en blouse blanche qui surveillent des écrans, un univers sans bruit et sans odeurs. On aurait pu se croire dans une centrale nucléaire, ou une usine informatique. Ça a coûté la peau des fesses aux contribuables, mais on l’a présenté à l’époque comme le nec plus ultra de l’élimination des déchets des grandes villes.

Il crache par terre.

— À tel point que les maires de toutes les capitales d’Europe venaient voir fonctionner notre petite merveille de…

— … de « trou du cul de luxe », le coupe le jeune Asiatique, satisfait de son expression.

— Ouais, ben cela a quand même marché une dizaine d’années sans problèmes.

Cassandre écoute avec attention.

— Et puis il y a eu l’affaire du « nuage marron. » La cheminée de l’incinérateur d’ordures produisait une colonne de fumée sombre qui s’étalait en hauteur pour former une chape brune au-dessus du quartier. Les gens du coin toussotaient, il y a eu une multiplication de cancers et d’asthmes dans la région. Quand il pleuvait, les gouttes prenaient une couleur rougeâtre.

— Ah ça, c’est le prix du monde moderne, soupire l’homme en boubou, fataliste.

— Tout le monde s’en fichait, vu qu’on était dans une banlieue pauvre, jusqu’à ce qu’un journaliste ait la bonne idée d’écrire un article sur ce sujet et que l’article fasse la couverture de son hebdomadaire, poursuit le Viking. C’était un pur hasard, parce qu’il n’y avait pas d’actualité plus intéressante cette semaine-là.

— Une photo avec un nuage marron à la couleur artificiellement contrastée au-dessus des maisons du coin a suffi à créer l’émotion, se souvient la femme rousse, qui semble, elle aussi, très au courant de l’histoire de leur lieu de vie. Avec un titre simple et racoleur : « LA HONTE ! ».

Le vieil Africain hausse à nouveau les épaules, blasé :

— À croire que ce sont les journalistes qui font exister les problèmes : s’ils n’en parlent pas, ça n’existe pas.

Le barbu blond tire quelques lentes bouffées de son cigare.

— Les écolos ont réagi, suivis par les associations locales, puis nationales, et tout s’est enclenché : pétitions, pressions sur les députés, conférences de presse et tout le tintouin. C’était le carnaval des vierges outragées. « Cachez-moi ce nuage polluant que je ne saurais voir ». Pour finir, le candidat écologiste aux élections régionales a annoncé qu’il en faisait une affaire personnelle et qu’il l’inscrivait en priorité dans son programme : « Bâillonner le monstre Moloch, la méchante usine de recyclage avec son incinérateur fumant qui rend les gens malades. » Du jour au lendemain, notre modèle d’incinérateur que l’Europe entière nous enviait était devenu, par un hasard du calendrier journalistique, l’indignité nationale. Il y avait Tchernobyl, et il y avait son digne successeur le DOM.

Le Viking crache par terre, puis saisit une bouteille de vin en plastique et boit. Après avoir lâché une sorte de brame de cerf en chaleur qui est sa forme personnelle de rot, il fait circuler la bouteille.

— T’as soif, pitchounette ?

La jeune fille regarde la bouteille au goulot recouvert de traces de salive et émet un léger signe de dénégation. Le gros blond rote encore dans les sonorités baryton puis reprend.

— Le candidat écologiste a été élu avec une majorité écrasante. À peine installé, il a ordonné la fermeture du DOM. La fournaise a été éteinte, les cheminées ont cessé de fumer, les portes d’acier ont été cadenassées, sous les applaudissements des foules.

— … qui avaient oublié que, en tant que contribuables, ils avaient eux-mêmes financé cette merveille de technologie ultramoderne, rappelle l’Asiatique.

— Mais le problème, c’est qu’une ville est comme un être vivant. On ne peut pas lui fermer le trou du cul. Sinon ça constipe. Les gens n’avaient plus le grand incinérateur mais ils continuaient à manger, à jeter des emballages et leurs immondices. Les poubelles étaient évacuées des maisons.

— Le Parisien produit en moyenne 1,4 kilo de déchets quotidiens, intervient de nouveau le jeune homme. Multiplié par le nombre d’habitants, ça fait plus d’un million et demi de tonnes par an.

— … Et dans l’empressement à fermer l’incinérateur, personne n’avait prévu de solution de remplacement, souligne la femme aux cheveux roux.

— Quant aux éboueurs, ils avaient l’habitude d’accomplir leur circuit à heure fixe et de monter au nord vider leur camion dans la gueule de Moloch. Comme personne ne leur avait indiqué d’autres lieux de décharge, ils ont d’instinct déversé leurs ordures dans le grand terrain vague municipal désert, juste à côté de la déchetterie ultra-moderne définitivement close.

— Un peu comme les troupeaux de gnous ont l’habitude d’aller déféquer au même endroit toute leur vie, signale le vieil Africain en empoignant la bouteille de vin.

Le gros blond affiche un air fataliste.

— Il a dû y avoir un premier chauffeur de benne à ordures qui est venu se délester ici. Par instinct grégaire, les autres ont suivi. Les gens de la mairie, n’ayant pas de solution de rechange immédiate, ont laissé faire.

— De toute façon, la fermeture a eu lieu en plein mois d’août et ils étaient tous absents, partis en vacances, rappelle le jeune homme.

— Ça, c’est bien les conneries des politiciens. Ils font n’importe quoi sans réfléchir, pour être populaires et gagner les élections dans le court terme. Après, quand ils s’aperçoivent que cela entraîne des nouveaux problèmes dans le long terme, parfois pires que les premiers, ils préfèrent ne rien faire et laisser pourrir, ricane la femme aux cheveux roux.

— Ce terrain vague municipal servait normalement à l’accueil des gitans en hiver, et personne n’y a trouvé à redire. Pas même les gitans qui, évidemment, n’avaient pas l’habitude de porter plainte à la police ou de s’en prendre aux instances administratives.

— Tu parles, approuve la femme. À la limite, même eux cela les a bien arrangés. Ils ont pu récupérer des trucs dans les ordures.

— Et les déchets se sont accumulés ici. Couche d’ordures après couche d’ordures, le tas s’est mis à grandir, s’élargir.

Le Viking rallume son cigare et lâche deux gros nuages bleutés.

— Ils ne voulaient plus de fumée, alors ils ont eu un gros tas d’ordures qui pue et qui monte. C’est toujours l’un ou l’autre. Saleté gazeuse, saleté liquide ou saleté solide.

Le jeune Asiatique soupire, fataliste :

— « Rien ne meurt, rien ne naît, tout se transforme », disait Lavoisier.

— J’n’aime pas tes citations à l’emporte-pièce, Marquis. Tu m’énerves. Bon, je continue pour la pitchounette. Évidemment personne n’était satisfait de cette situation. La mairie était socialiste, le député était écolo, et les services d’hygiène liés au ministère plutôt de droite. Chaque réunion se transformait en bataille rangée, et chaque fois l’un des trois sortait en claquant la porte et en mettant son veto à l’action des deux autres. Jamais ils ne sont parvenus à s’entendre sur une décision courageuse à prendre pour résoudre ce problème d’évacuation des déchets. En attendant, les éboueurs continuaient de déposer leurs tas de saloperies ici. Et les particuliers se sont mis à faire de même. C’est devenu le cimetière des machines à laver et des carcasses de voitures. Pour les gens du coin c’était pratique, ça évitait d’avoir à payer des services de voirie municipale.

La femme rousse répond à la question que se pose la jeune fille.

— Au début ce n’était pas fermé par des grillages. Mais vu qu’il y avait peu d’habitations aux alentours, le dépotoir s’est mis à grandir comme un cancer. Quand ça a commencé à prendre des proportions visibles de loin, la municipalité a fini par adopter des mesures d’urgence. Ils ont mis des clôtures tout autour pour confiner le problème et empêcher les gens de venir jeter leurs ordures.

— Comme à Palerme, rappelle le jeune Asiatique. Un grand dépotoir dont personne ne savait quoi faire et qui est encore en activité.

— Pareil à Marseille, surenchérit la femme au chignon roux. Que je sache, le grand tas d’ordures de Marignane est toujours une ville de déchets à côté de la cité phocéenne.

— Comme on pouvait s’y attendre, les grillages n’ont rien arrêté. L’habitude était prise. Les gens se sont mis à jeter leurs déchets par-dessus. La municipalité a donc surélevé le grillage. Le manège a continué de plus belle. Donc ils ont ajouté les barbelés.

— Et des arbres, pour qu’on ne voie pas la misère, précise l’Africain.

Le Viking crache par terre.

— Et voilà, plutôt que de les arrêter, les services municipaux ont décidé de laisser faire.

— « La situation nous dépasse, feignons d’en être les instigateurs », disait Talleyrand.

— Ta gueule, Marquis. Tu m’énerves avec tes citations vieillottes à la con.

— J’ai appris le français avec un professeur qui adorait ça. Désolé, Baron, les proverbes et les citations c’est plus fort que moi.

— Eh bien je vais te dire : pour moi c’est de la fainéantise. Vu que tu n’es pas capable d’inventer tes propres raisonnements, Marquis, tu prends la pensée congelée fabriquée par d’autres.

— Tu sais ce qu’elle te dit, ma « pensée congelée », Baron ?

Les deux hommes commencent à se lever.

— Ah, là, là, soupire la femme aux cheveux roux, moi aussi j’en ai une de citation toute prête : « Quand on a des amis comme ça, on n’a plus besoin d’ennemis. »

— Si tu t’y mets toi aussi, Duchesse, je vais être obligé de vous fracasser la gueule à coups de cuillère à soupe ! s’énerve le Viking en empoignant l’ustensile.

Le plus jeune renonce face à la montagne de graisse et de muscles menaçants. Tout le monde se rassoit et le vin recommence à circuler.

À un moment Cassandre a l’impression d’apercevoir un petit renard sortir le bout du museau pour les observer. Elle se dit qu’il doit s’agir d’un chiot.

Non, c’était bien un renard. Il y a des animaux sauvages peu habituels dans cette décharge.

Le Viking consent à se rasseoir et reprend son récit :

— Pour finir, la mairie a décidé de laisser l’entrée Nord ouverte. Les camions y viennent décharger. C’est comme ça que l’endroit est devenu ce grand dépotoir à ciel ouvert. Les déchets s’amoncellent, mais c’est suffisamment grand pour que l’accumulation se fasse en douceur. Presque imperceptiblement. Ils ont juste ajouté une double haie d’arbres encore plus hauts et plus touffus, pour masquer ce qui s’entasse derrière.

La femme aux cheveux roux hausse les épaules.

— C’est comme ça depuis la nuit des temps, on n’arrange rien, on maquille les erreurs, et on finit par s’y habituer et plus y penser.

— Tu en sais quelque chose, Duchesse, côté maquillage qui cache les désastres, ricane le jeune Asiatique.

La femme fait mine de n’avoir rien entendu, mais déjà le barbu blond poursuit son récit.

— Donc il n’y a plus eu de nuage marron. Plus d’article dans les journaux. Du coup, c’est comme si le site n’existait plus. Il reste juste l’odeur qui filtre parfois entre les arbres, mais les habitations sont loin. Et le prix du mètre carré est si bas que personne ne pense à se plaindre.

Le vieil Africain esquisse un geste fataliste.

— Ça dépend dans quel sens souffle le vent. Un jour ça pue sur les HLM dans cette direction. Un jour sur ceux dans la direction inverse. Mais comme l’odeur n’arrivera jamais jusqu’à Paris, tout le monde s’en fout.

Un silence pensif les unit quelques minutes, Cassandre en profite pour poser sa deuxième question :

— Et vous, vous êtes qui ?

Ils se regardent d’un air complice.

— Nous, on est des déchets humains au milieu des déchets. « Qui se ressemble s’assemble », dit l’Asiatique.

— La société nous a traités en ordures, alors on vit dans les ordures, répond l’Africain.

— Et on y est bien, affirme la femme aux cheveux roux, hein les gars ?

— Ouais, on est des… bannis.

Les autres complètent.

— Des fugitifs.

— Des exilés.

— Des exclus.

Le Viking écrase son cigare.

— On peut lui dire ? demande-t-il en cherchant l’assentiment des trois autres. Nous sommes des gens qui ont chuté. Alors comme des animaux blessés, nous nous cachons ici, parce que ici personne ne pensera jamais à venir nous chercher.

Ce ne sont que des clochards réfugiés dans un dépotoir.

— Plutôt que de fuir au Brésil ou en Australie, on s’est inventé notre territoire lointain… tout près.

— Nous habitons dans le trou du cul du monde et on pourrait nous appeler les hémorroïdes ! s’amuse l’Asiatique.

La métaphore hardie semble ravir les autres, qui hochent la tête en chœur.

— Et vu qu’on est protégés des cons par notre puanteur, on pourrait dire aussi qu’on est des putois.

— Ouais, la puanteur nous protège.

La femme rousse a un geste désabusé pour éloigner le nuage de mouches qui ne cessent de se défier en acrobaties aériennes.

— Et c’est pourquoi on cherche à rester discrets et à ne pas nous mettre sur le dos une gamine de bourges qu’on va pas tarder à rechercher, annonce-t-elle en relevant une mèche sur son front. Et plus je réfléchis, plus je me dis qu’il faut que tu déguerpisses vite fait avant de nous attirer des emmerdes.

Cassandre fait mine de ne pas avoir entendu. Profitant de la clarté de la lune montante, elle examine les alentours. Elle distingue maintenant cinq huttes cubiques incrustées dans les amoncellements de déchets.

Au-dessus d’une de ces habitations de fortune est posée une casemate de type militaire d’où dépasse un périscope rouillé d’un sous-marin de la dernière guerre. Sur une autre, des plantes colorées jaillissent de pots en terre. Sur une troisième, auprès de plaques solaires, une petite éolienne tourne en grinçant. Et sur la quatrième, un transat est flanqué d’un parasol. Tout autour, un mur de pneus assez élevé les dissimule. Une grande avenue creusée dans les ordures du côté nord mène directement au foyer central.

Le Viking reprend.

— Voilà trois ans que je suis ici. Mon prénom est Orlando. Mais, comme on s’est tous donné des titres d’aristocrates, tu peux m’appeler Baron. Dans notre tribu je suis le chasseur.

Lui aussi il me fait penser à un acteur américain. Ah, j’y suis. Rod Steiger dans Il était une fois la Révolution, de Sergio Leone. Mais Rod Steiger en blond, avec des cheveux longs et un ventre encore plus proéminent.

— Ouais, on s’est donné des noms d’aristocrates parce qu’on aime ça. Et parce que c’est gratuit, confirme la femme rousse.

Je connais le pouvoir et la prison des mots.

— La bonne femme aux gros nibards et qui parle fort c’est Esméralda, ou la Duchesse, c’est elle qui fait la cuisine et la couture. Et ici la couture c’est important. À part ça, dans notre tribu c’est la cheffe. Parce qu’elle a une grande gueule et qu’elle est colérique. Et que nous ici on aime bien les grandes gueules colériques.

L’intéressée sort une lime à ongle et se lime bruyamment le pouce.

Elle, c’est… Meryl Streep en bien plus grosse et plus vulgaire. Et plus loucheuse.

— Le gamin aux yeux bridés et à la mèche bleue, là, qui n’aime pas les bourgeoises aux mains propres, c’est Kim, dit le Marquis, notre technicien spécialiste en tout. Il nous a installé la radio, la télé et l’informatique. C’est notre bricoleur de génie, réparateur et maître des communications. Il a plein de défauts mais le pire c’est sa manie des proverbes et des citations à la con, si tu veux mon avis.

— « C’est celui qui le dit qui l’est », riposte l’intéressé puis il se racle la gorge bruyamment et crache par terre.

Lui c’est Jacky Chan en jeune et en rocker.

— Et puis le grand Sénégalais flegmatique c’est Fetnat, surnommé le Vicomte. C’est aussi notre médecin, psychanalyste, herboriste, cultivateur de plantes bizarres et cueilleur de champignons. Dans notre tribu, c’est le sorcier chamane.

Le vieil Africain salue et offre son sourire qui dévoile une dentition d’une blancheur lumineuse. Puis il allume une longue pipe et, à son tour, lâche quelques bouffées de fumée odorante mêlées à une senteur de thym.

Lui, ça pourrait être l’acteur Morgan Freeman en plus maigre.

— Nous avons créé un village dans les ordures qui n’est pas qu’un village, c’est un vrai État indépendant au milieu d’un pays bordélique et totalitaire.

— Ici on est vraiment libres, approuve l’Africain. Si tu vois ce que je veux dire.

— Ouais, on peut cracher, on peut péter, on peut parler mal, on peut se battre, on peut pisser où l’on veut, on peut se lever à l’heure qu’on veut, on ne paye pas d’impôts, on peut dire du mal du gouvernement, on peut même, tiens-toi bien, fumer en public !

— Notre village nous l’avons même baptisé.

Orlando désigne une pancarte placée à l’entrée ouest du village où est inscrit en grosses lettres baveuses tracées à la main : « RÉDEMPTION ».

— Une idée de la Duchesse à l’éducation très catholique. Elle a dit, je cite de mémoire : « Nous sommes ici car nous avons péché. Ce lieu n’est pas un enfer, mais un purgatoire. Nous sommes ici pour épurer nos vies. Nous sommes dans un lieu de rédemption où nous allons essayer de racheter notre âme. »

Esméralda approuve, et plonge la main dans la profonde vallée de ses seins pour récupérer le crucifix qui s’y était englouti.

— Ce à quoi le Baron a rétorqué : « Peut-être, mais je propose une devise pour aller avec. »

La femme saisit la torche et éclaire sous l’inscription RÉDEMPTION une pancarte à peine plus large où est peint en lettres penchées : « CHACUN SA MERDE. »

— C’est notre phrase fétiche. Notre référence pour tout.

— J’aime pas les devises mais celle-là me semble les résumer toutes, reconnaît le Viking.

— Ensuite est arrivé Fetnat. Il a ajouté le cahier des charges :

« 34 HABITANTS. ZÉRO CASSE-PIEDS. »

— Le 3 barré c’est parce qu’ensuite est arrivé le Marquis.

— Moi, je voulais qu’on mette une deuxième devise : « Quand on n’a rien à perdre, on a tout à gagner » mais ils ont refusé, regrette le jeune Asiatique à la mèche bleue.

— Si tu dois ne retenir qu’une devise, pitchounette, retiens celle-là : « Chacun sa merde. »

Il crache par terre puis se tourne vers la jeune fille aux grands yeux gris clair et demande :

— Et au fait, toi t’es qui ?

 

Le Miroir de Cassandre
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